Hommage à Eugène Claudius-Petit

Le 3 février 2021, a été créée la commission des hommages publics. Elle a pour but de dénommer les espaces de notre ville du nom de personnalités célèbre local ou national.

Il y a 70 ans débutait la carrière d’édile Appelou d’un de nos plus grands maires : Eugène Claudius-Petit. Le choix s’est rapidement porté vers un lieu marquant, la dénomination d’un boulevard qui ceint sa plus fameuse réalisation architecturale, le centre civique. Les journées du Patrimoine ont été choisies pour mettre à l’honneur la réalisation et l’héritage qui nous a été légué.

 

Eugène CLAUDIUS-PETIT

Résistant, Ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme, Député de la Loire et de Paris, Maire de Firminy

(1907 – 1989)

BÂTIR POUR QUE LES HOMMES VIVENT MIEUX

Originaire d’un milieu populaire, Eugène PETIT voit le jour, le 22 mai 1907 à Angers où il passera une grande partie de son enfance avant d’entamer un apprentissage chez un ébéniste parisien. Par la suite, sa curiosité insatiable et son désir de savoir l’incitent à suivre des cours pour devenir professeur de dessin. Il prodigue son enseignement, notamment à Lyon, jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

À partir de ce moment, avec détermination inébranlable et un engagement indéfectible, il rejoint la Résistance. Dans la clandestinité, il joue un rôle actif dans la diffusion et la falsification de documents au sein du réseau des « Franc-Tireur ». C’est durant de cette période cruciale qu’il adopte le pseudonyme de CLAUDIUS, qui deviendra indissociable de son nom de famille.

En 1943, il fait partie des membres-fondateurs du Conseil National de la Résistance, où il œuvre à l’unification des mouvements de la Résistance et de la Libération.

À la fin de la guerre, il s’engage en politique avec la ferme résolution de reconstruire une France épuisée après de longues années d’occupation.

Devenu député de Paris, puis de la quatrième circonscription de la Loire, il participe aux grands débats de son époque, notamment sur les problématiques liées au logement, dont France manque cruellement à l’époque. En tant que Ministre de la Sécurité Sociale et du Travail, puis Ministre de la Reconstruction, il joue un rôle central dans la refonte des doctrines urbanistiques en théorisant sa vision politique et urbaine de l’habitat.

En ami de l’architecte avant-gardiste, Charles-Édouard Jeanneret, également connu sous le nom de Le Corbusier, Eugène CLAUDIUS-PETIT entreprend aux côtés de ce dernier, lors de son élection en tant que Maire de Firminy en 1953, la création du quartier de Firminy-Vert. Eugène CLAUDIUS-PETIT met ainsi en pratique sa conception de l’urbanisme en utilisant les techniques les plus modernes de son époque. Outre Le Corbusier, il s’entoure des plus éminents architectes afin d’offrir aux Appelous, un environnement de vie remarquable, reconnu à l’échelle mondiale. Pendant ses 18 ans de mandat de maire-bâtisseur, Eugène CLAUDIUS-PETIT permettra à la Ville de Firminy de rentrer de plain-pieds dans le XXe siècle en bâtissant « pour que les hommes vivent mieux ».

 

UN HÉRITAGE EN BÉTON !

Quand Eugène Claudius-Petit prend les commandes de l’exécutif Appelous en 1953, il trouve une ville ouvrière d’après-guerre dont les infrastructures sont vétustes, voire inexistantes. Firminy ville populaire est tourné vers son cœur économique industriel : les forges et aciérie. Si la situation qu’en dépeint Claudius-Petit est alarmante elle ne doit pas occulter que le pays a été bouleversé par la guerre, la mutation économique et sociodémographique du pays.

Eugène Claudius-Petit a théorisé sa vision politique et urbaine avec la publication Pour un plan national d’aménagement du territoire en 1950, fort de quatre années à la tête du ministère de la reconstruction et de l’urbanisme dans une IVe République marquée par la très forte instabilité gouvernementale. Il va entreprendre un chantier d’abord intellectuel, il commande à Charles Delfante un plan d’urbanisme, une première dans la Loire. Eugène exprime que la première année de son mandat est consacrée aux études et aux enquêtes. Il définit les priorités et remplit le calendrier des travaux. Pendant près de 15 ans, Firminy est en chantier constant, les grues et engins de terrassement sont omniprésents dans la ville.

Les premières réalisations auxquelles il s’attèle sont l’acheminement et le traitement de l’eau potable il érige un barrage et une station de traitements des eaux a ces fins. Si l’on retient maintenant Firminy-Vert on remarque en étudiant ses travaux qu’il a réalisée des infrastructures dans tous les quartiers. Décrié, mais nécessaire il mène une opération de salubrité dans le quartier Saint-Pierre. De grands chantiers ont lieu aussi sur le quartier du Champs de Mars, le Bas-Mas. Dans presque tous les quartiers réhabilités, il rachète les friches industrielles et les usines anciennes afin d’assainir l’espace de vie de ses concitoyens. Il fait passer Firminy dans une logique moderne où les activités industrielle et manufacturière sont regroupées en zone non dans le bâti ancien. Il lutte activement contre les logements insalubres. Certains l’accusent de défigurer la ville, le changement ainsi que les hausses d’impôt pour financer les travaux et les services ne le rend pas toujours populaire. Il sera battu aux élections de 1971 après 18 ans de mandat local.

 

Eugène Claudius-Petit à Firminy c’est un bilan époustouflant.

Un barrage, une station de traitement et d’épuration, une maternité, une crèche, le chauffage urbain, une caserne de pompier, les serres municipales, un cimetière, 7 écoles et collège, des gymnases, le premier lavoir automatique, la Maison de la Culture, le Stade Municipal, la Piscine, l’Unité d’Habitation, le CAFy, le Grand H, la tour Sive, la Corniche, la Salamandre et des milliers de logements. C’est aussi la fusion avec Chazeau et un grand prix d’urbanisme.

 

L’HUMANISME COMME ÉCHINE POLITIQUE

Il ne porte pas qu’une politique de construction. Eugène Claudius-Petit est un catholique social, si sa politique semble oubliée elle n’en est pas moins riche et déterminante pour comprendre l’homme. Il procède à des politiques sociales volontaristes où il accompagne ses concitoyens. Il achète la colonie de la Souchère en Haute-Loire pour permettre eux jeunes Appelous d’avoir des vacances. Président fondateur de la Sonacotral il est impliqué dans les conditions de travail de ces concitoyens comme des émigrés.
Ses engagements politiques portent sur la formation professionnelle, en tant qu’ancien ouvrier et prolétaire il connait bien ces sujets. Il promeut des écoles et des formations afin qu’augmenter la part des techniciens. Il souhaite l’élévation socialement des ouvriers. Il cherche à lutter contre la vie chère tant à l’Assemblée Nationale qu’avec le Comité d’Expansion de la Loire. Fervent travailleur il a des positions parfois tranché et qui révèle sa profonde volonté de changer les systèmes pour un modèle méritocratique. Il porte une politique progressiste, il défend avec toujours comme leitmotiv « l’intérêt général ». Lors du passage à l’Assemblée de la loi Veil, il la vote, en dépit de ses convictions religieuses, il s’engage pour la liberté des femmes. C’est un homme passionné qui met sa force et sa détermination au service des autres. Il donne de son temps comme humble bénévole a SOS Amitié. Même ses constructions revêtent un aspect social, livré avec toutes leurs commodités elles sont surtout accessibles et incluses dans le périmètre du centre-ville, il cherche par-dessus tout à ne pas créer une « banlieue ».

Fidèle aux idées de Marc Sangnier, il souscrit à la proclamation « la révolution, ça commence par soi-même ».

 

 

Eugène était un homme humble et sensible. C’est à Firminy qu’il a choisi sa dernière demeure, dans la plus grande simplicité il repose aux côtés de son épouse parmi ses concitoyens.

 

 

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